Français en goguette et Bruxellois de cœur, les frères Malandrin œuvrent de concert pour livrer une filmographie atypique, jalonnée de titres intrigants (CA M’EST EGAL SI DEMAIN N’ARRIVE PAS, OU EST PASSEE LA MAIN DE L’HOMME SANS TETE ?, et le prochain JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS), micro-manifestes surréalistes au diapason de leur style.
Les frères Guillaume et Stéphane Malandrin, Bruxellois d’adoption, sont installés depuis plusieurs années dans la capitale belge, où ils œuvrent de concert à l’écriture, la réalisation et la production de films. Le premier, formé à l’INSAS, s’implique très vite dans le paysage cinématographique belge, notamment en fondant avec Vincent Tavier, Stéphane Vuillet et Philippe Kauffman La Parti Production, société pour laquelle il produit notamment AALTRA de Kervern et Delépine, KOMMA de Martine Doyen, ou PANIQUE AU VILLAGE de Patar et Aubier, qu’il coécrit. Stéphane de son côté rejoint son frère après des études de philosophie. Il coécrit et coréalise les films de son frère, contribue également au scénario de 25° EN HIVER de Stéphane Vuillet, et écrit des livres pour enfants.
A eux deux, ils construisent film après film un univers un peu déjanté, teinté de psychanalyse et de surréalisme, comme en témoignent les titres-manifestes de leurs longs métrages : CA M’EST EGAL SI DEMAIN N’ARRIVE PAS, OU EST PASSEE LA MAIN DE L’HOMME SANS TETE ?, JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS. Les deux premiers sont de sombres histoires de famille. Un père sortant de prison, une mère aux abonnés absents, un jeune garçon à qui l’on n’a rien demandé… Dans CA M’EST EGAL SI DEMAIN N’ARRIVE PAS, une famille essaie de renouer les liens qu’elle n’a jamais connus. Dans un mouvement inverse, l’héroïne de OU EST LA MAIN DE L’HOMME SANS TETE ?, incarnée par Cécile de France, championne olympique de plongeon à 10m, essaie presque malgré elle de défaire les liens aliénants qui l’unissent à son père, entraîneur et figure d’ogre dévoreur qui étouffe sa progéniture, enfant après enfant. Plongée introspective et paranoïaque dans le cerveau d’une championne déboussolée, ce thriller psychologique cache l’histoire d’un deuil impossible, mais libérateur. La mise en scène y simule la confusion dans laquelle se noie l’héroïne, brouillant la frontière entre rêve et réalité, sinuant le long d’un véritable labyrinthe narratif, servi par le cadre fantomatique de la Basilique de Koekelberg.
Dans leur nouveau film, JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS, les frères Malandrin substituent au cadre familial le cercle amical, et s’interrogent sur ce qu’il reste de la fidélité en amitié après la mort. S’ils chérissent toujours un goût certain de l’absurde, celui-ci n’est plus au service d’un destin cruel, mais plutôt d’un humour teinté de mélancolie. JE SUIS MORT raconte le sursaut vital qui s’empare de deux rockers à la quarantaine bien entamée, tour à tour bougonne ou lunaire, quand leur comparse de toujours meurt subitement. Comment honorer les serments d’amitié au-delà de la mort ? Yvan et Wim s’embarquent dans un périple lointain qui va les rapprocher. Ils sont pour ce faire affublés d’un troisième larron, l’amant pilote de l’air que leur vieil ami leur avait toujours caché. Ce périple à trois se transforme peu à peu en voyage intérieur, forçant l’introspection pour mieux s’ouvrir aux autres. Leur parcours semé d’embûches les mène au fin fond du Québec, où ils se réconcilient avec l’amour, la vie et la mort. Le film sortira mi-juin sur les écrans belges, et fin juillet sur les écrans français.
Enfin, dans le cadre de Mons 2015, capitale européenne de la culture, les frères Malandrin viennent de réaliser un court métrage drôle et caustique sur le passage historique de Van Gogh dans le Hainaut, en Belgique, à travers une enquête sur Emilio Saltarelli, le descendant direct et autoproclamé du peintre.
(Texte : A.E.)