A l’aise sur des terrains aussi divers que la passion amoureuse (Cages), le film militant (Illégal) ou le thriller politique (Le Sanctuaire), Olivier Masset-Depasse a su imposer un style nerveux et dynamique, s’épanouissant dans de véritables films d’action psychologiques.
Des films d’action psychologiques, c’est ainsi qu’Olivier Masset-Depasse décrit ses oeuvres. De ses premiers courts métrages à son deuxième long ILLEGAL, Masset-Depasse livre un cinéma tout en tension, caractérisé par un montage nerveux, et une caméra inquisitrice qui fouille les corps et les âmes. Il filme l’enfermement, et la quête d’émancipation ; le manque de communication, et les conflits relationnels qui en découlent ; la violence des sentiments, exacerbés par un travail tout en contraste sur l’ombre et la lumière. Un cinéma sensoriel, marqué par sa pratique forcenée du dessin enfant et adolescent, son admiration pour des peintres de la chair comme Bacon, Ensor ou Bosch, ou pour l’ "Elephant Man" de Lynch, véritable choc esthétique qui le propulse vers le cinéma.
Formé à l’IAD, son premier court métrage, CHAMBRE FROIDE (2000), contient en germe les éléments fondateurs de son œuvre à venir. Un couple mère/ fille, confiné dans la boucherie familiale, se déchire sauvagement, entre amour et haine. Déjà, l’incommunicabilité bride les sentiments, et l’affrontement des cœurs et des corps inonde l’écran. Déjà, Anne Coesens prête sa détermination et son incroyable densité aux traits de l’héroïne créée par Masset-Depasse, comme elle le fera dans les films suivants. Déjà, Tommaso Fiorilli éclaire les contrastes, les zones d’ombre. Le talent de Masset-Depasse va se déployer au fil des films, pour aborder des thématiques très différentes, des relations mère/ fille dans CHAMBRE FROIDE, à la question des clandestins dans ILLEGAL, en passant par l’usure de l’amour dans le couple (CAGES), ou le voyeurisme et le handicap (DANS L'OMBRE). A chaque fois néanmoins, on retrouve un style, une approche très organique des corps, un montage effréné, multipliant les plans. On retrouve également le motif de l’enfermement, mental mais aussi physique, décliné sous différentes formes, dont les deux plus marquantes sont le mutisme d’Eve dans CAGES, privée de parole, et bien sûr le centre fermé d’ILLEGAL(où l’on retrouve aussi la prison de la langue).
En 2014, Masset-Depasse change à nouveau de registre, en mettant son style et son talent au service du téléfilm SANCTUAIRE (une idée originale de Canal+, coproduit par Haut et Court et Versus), thriller historique sur la lutte entre l’ETA et le GAL, au cœur des années 80.
Il travaille en parallèle sur deux nouveaux projets : IRREMPLACABLE, une adaptation du à succès de Barbara Abel, "Derrière la haine", Prix des Lycéens 2015, et le troisième volet de LARGO WINCH. L’occasion pour Olivier Masset-Depasse de mettre son style et son talent au service de deux films de genre, un thriller psychologique en bonne et due forme (l’angoissant face-à-face entre deux mères de famille suite au drame qui frappe leurs foyers), et un film d’action tiré d’une BD culte, au détour duquel Olivier Masset-Depasse compte bien doter son héros d’une conscience sociale en le confrontant à la problématique du grand capital et de ses enjeux sociaux dévastateurs.
(Texte : A.E.)